Karine PEILLEX : l’aventure d’une monitrice de plongée qui a décidé de devenir pro !

Dans notre série “portrait de femme engagée pour la plongée en Haute-Savoie” initiée avec le témoignage de Christine PAGET, nous donnons la parole aujourd’hui à Karine PEILLEX DEJEPS-E4  à la tête d’ Emotions Plongée à Thonon.
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– Karine, tu étais MF1 et tu as choisi de devenir monitrice professionnelle de plongée. Quel a été le ressort de ce choix ?
J’ai eu l’envie d’entreprendre et de créer une entité de plongée (Emotions Plongée à Thonon) qui m’a procuré un magnifique élan d’énergie positive. A 47 ans, j’avais une activité professionnelle annexe qui ronronnait et j’avais besoin de me relancer dans un challenge. Ma petite structure créée est mon dernier bébé et j’y mets tout mon coeur et mon envie !!
– Tu es installée en tant que pro depuis 2 ans sur les rives du Léman. Quelles ont été les plus grandes difficultés que tu as rencontrées pour démarrer ton activité ? Est-ce que le fait d’être une femme a rendu la chose plus difficile ?
La plus grande difficulté a été rencontrée la 1ère année car sans local au bord de l’eau, il fallait quotidiennement :
– charger le véhicule du matériel de mon garage en ayant à l’esprit de ne rien oublier,
– puis tout décharger au bord de la plage,
– puis faire les séances,
– puis tout recharger dans mon véhicule,
– puis tout décharger à nouveau chez moi pour désinfection, séchage et rangement.
C’était une perte de temps et une dépense d’énergie très épouvante physiquement. Le moral était là, mais le corps à la fin de la saison n’en pouvait plus !!
Bien évidemment de ce point de vue-là, avoir la force physique d’un homme m’aurait bien aidée… mais j’ai tenu bon !


– Depuis ton installation effective, penses-tu que le fait d’être une femme et une maman a rendu ton quotidien professionnel plus difficile que celui de tes homologues masculins ?
Tout dépend de la manière dont fonctionne sa cellule familiale. Certainement que les jeunes moniteurs ou monitrices, sans enfant, qui se lancent dans cette aventure ont moins de contraintes puisque leur quotidien est plus léger à gérer. Pour ma part, être maman et être devenue monitrice de plongée ensuite a fait que ma cellule familiale était déjà en place. Il a juste fallu s’adapter en ce qui concerne la gestion des plannings quotidiens de chacun. Avec trois enfants, plus ou moins en bas âge, toute cette organisation n’aurait pas été possible sans l’aide indéfectible des grands-parents. Ces derniers me soutiennent et en saison, ils participent très activement au quotidien des membres de ma famille. Les hommes sauraient très bien faire cela également : gérer des plannings et déléguer, ce n’est pas si compliqué, pour autant qu’on ait la ressource « aide extérieure » à disposition !!
– Tu es plutôt menue. J’imagine que tu as trouvé des solutions pour conduire ton activité qui exige de manipuler souvent du matériel lourd ?
Je n’ai pas trouvé beaucoup de solutions pour me faciliter ces lourdes manipulations, à part l’utilisation de chariots, sacs à roulettes et sacs à dos de grande capacité pour l’acheminement du matériel lors de l’activité en milieu artificiel. J’ai eu la chance que la structure dédiée m’accorde des conditions d’accès facilitées pour atteindre les bassins . Je rêve qu’un inventeur magique mette au point un objet miniaturisé nous permettant de respirer sous l’eau sans avoir à porter ces lourds blocs sur le dos !! Il est toujours bon de rêver !!
– La pandémie du COVID19 a mis à mal tous les professionnels de la filière sportive. En ce qui te concerne, comment vis-tu cette période ?
Je trouve cette période inédite très frustrante à vivre pendant le confinement … et parfaitement injuste dans sa gestion de sortie de confinement.
– Frustrante à vivre pendant le confinement car lorsqu’on est habité(e) par une passion, le fait de devoir se mettre à l’arrêt forcé est quelque chose de très dur à surmonter. D’autant plus que la clarté du lac et les conditions climatiques de mars et avril ont été exceptionnelles dans notre région lémanique !!
– Parfaitement injuste dans sa gestion de sortie de confinement puisque nous sommes liés à l’appréciation des Préfets des régions concernées. Depuis le 11 mai, la plongée est de nouveau possible sous conditions draconiennes en mer Méditerranée alors que les lacs de Haute-Savoie nous sont encore interdits jusqu’à nouvel ordre… Pourquoi ? Comment justifier ce fait ? On nous dit qu’il ne faut pas plonger pour laisser les caissons hyperbares libres : ok, je respecte cet argument mais alors qu’en est-il de celui de Marseille ? On nous dit que les EAPS ne peuvent pas ouvrir avant le 15 juin : alors, pourquoi le feu vert est donné le 11 mai pour certains ? Le retour à la plongée en France se fait à 2 vitesses, sans justification … c’est bien dommage pour ceux qui doivent encore attendre. Je suis d’accord sur le fait de ne pas accueillir de clients, vu que nous sommes juste sortis du confinement, que nous ne savons pas encore comment l’épidémie va se comporter : s’éteindre … ou repartir de plus belle. Tout est encore flou et on navigue à vue et je n’ai rien contre le fait que cela se fasse par étape. Mais en tant que plongeur individuel, hors structure, disposant de son matériel personnel, sans avoir été infecté par le COVID19 et en se limitant à des plongées dans la courbe de sécurité et à faible profondeur, cette interdiction régionale paraît tout de même abusive, non ?
– Conseillerais-tu à une jeune monitrice fédérale de se lancer en tant que pro en lac ou ailleurs ?
Bien sûr que l’aventure est à tenter … il faut toujours essayer si l’envie est là et ne jamais abandonner !!! Le fait d’être une femme ne doit pas apparaître comme un handicap. Nous avons tous, hommes ou femmes, des compétences, des sensibilités et des savoir-faire à mettre en avant. Il ne faut pas se limiter, c’est ainsi que le monde de la plongée deviendra un univers riche de sens avec des  talents diversifiés.